Le Néolithique (6000 à 2500 avant J.-C.) est bien représenté à Saint-Paul-Trois-Châteaux par l’important site des Moulins qui s’étendait au moins sur 4 hectares au sud-ouest de la ville actuelle, aux alentours du rond-point de l’Europe.
Des populations chasséennes (4500 à 3500 avant J.-C.) s’y sont installées et leur présence se révèle notamment par de nombreux objets piégés dans un ensemble de fosses aux fonctions diverses : silos, dépotoirs ou aires d’activités.
Céramiques à fonds ronds, petit outillage en silex ou en os, instruments de meunerie – meules et molettes – en grès sont les témoignages matériels laissés par ces populations qui commencent à se sédentariser et à développer des activités d’élevage et d’agriculture.
La période Protohistorique (Âge du Bronze et Âge du Fer) est curieusement peu représentée à Saint-Paul-Trois-Châteaux, alors que c’est de là que provient le nom toujours utilisé de Tricastin.
La découverte en 1988 d’un habitat du Ve siècle avant notre ère dans le centre historique (jardin de l’hôtel de l’Esplan) est le seul véritable témoignage de la présence des Tricastini, cette tribu gauloise mentionnée par des textes latins, sur le territoire de la ville actuelle.
Aux alentours du changement d’ère, une ville nommée Augusta Tricastinorum est construite à l’emplacement de la ville actuelle de Saint-Paul-Trois-Châteaux.
Elle est dotée d'une enceinte dont de longs tronçons marquaient fortement, il y a quelques décennies encore, le paysage rural environnant la ville. Fait notable, ce rempart s'inscrit dans une centurie (carré de 708 m de côté) de l’un des cadastres romains découverts à Orange. Muni de tours quadrangulaires ou circulaires, il englobe une superficie de plus de 42 ha.
En ce qui concerne l'organisation de la ville antique intra muros, plusieurs quartiers résidentiels ont été observés dans le quart nord-est de la ville. Un quartier cumulant des fonctions artisanale et résidentielle a été révélé dans le quart sud-ouest de la ville.
Aucun vestige d'édifice public n'a été observé hormis un mur en grand appareil (fait de gros blocs de pierre taillés) percé d'une porte. Il appartient peut-être à un portique limitant un espace public comme le forum.
Une nécropole se tient, selon la coutume antique, en dehors de l’agglomération, où se trouve aujourd’hui le quartier du Valladas. Plus de 240 tombes datables des Ier et IIe siècles et un mausolée étaient organisés le long d’une voie donnant accès à la ville. De magnifiques objets accompagnaient les défunts dans leur voyage, notamment des services entiers de vaisselle, des éléments de parures, des restes de nourriture…
Au Moyen Âge, la ville devient le siège d’un évêché. Le groupe épiscopal primitif devait être installé approximativement au centre de la ville antique. Il y subsiste les vestiges de deux églises médiévales : Saint-Jean et Notre Dame, reconstruite au XVIIe siècle (extra muros).
Une vaste zone funéraire a été reconnue aux alentours de l’actuel Hôtel de Ville. Les textes narrant la vie des Saints de la cité tricastine placent les tombes des évêques du Haut Moyen-Âge dans ce secteur.
La cathédrale médiévale, construite entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle, a probablement été érigée à l'emplacement d’une basilique funéraire que l'on sait avoir abrité le tombeau de l'évêque Paul qui donna son nom à la ville.
Une enceinte fortifiée attestée au XIIe siècle enserre encore la quasi totalité de la ville médiévale. Son tracé englobe une surface réduite par rapport à la ville gallo-romaine. Ce rempart entourait à la fois des zones funéraires, les églises et l'ensemble de la colline dite «du Château» où se situait la demeure de l'évêque, seigneur spirituel et temporel de la cité.
Les guerres de Religion entraînent de profondes modifications encore perceptibles dans le centre ville. En 1408, Dieudonné d’Estaing, envoyé par le pape pour gouverner le diocèse de Saint-Paul, conclut avec le roi de France un traité de pariage afin de «s’assurer, en toute occasion, la protection» du Dauphin.
La période moderne est avant tout marquée, comme dans tout le Dauphiné, par d’âpres luttes religieuses. Dès 1555, la foi protestante s’impose chez beaucoup de Tricastins. A partir de 1561, la Ville peut être qualifiée de « réformée ».
Au XVIIe siècle, l’évêque retrouve peu à peu toutes ses prérogatives. Cela s’accompagne d’importants chantiers. Les remparts sont réparés, la cathédrale commence à être restaurée dès 1602. Dans la seconde partie du siècle s’achève la reconstruction du palais épiscopal. Un nouvel hôpital voit le jour à partir de 1685, année de la révocation de l’Édit de Nantes.
Dès 1664, des dominicains s’installent dans un couvent construit autour de la chapelle Notre-Dame (actuel Etablissement des Frères Maristes).
Au XVIIIe siècle, un renouveau urbanistique, dans les années 1760, se traduit par l’embellissement d’hôtels particuliers dont l’exemple le plus significatif est l’hôtel de Castellane, actuel Hôtel de Ville, tandis que plusieurs autres, non des moindres, changent de main.
Le pouvoir épiscopal est quant à lui à nouveau contesté au travers de la revendication de la présidence des assemblées communales par certains notables, dont d’anciens protestants. A la veille de la Révolution, l’évêque et son chapitre représentent dix-neuf personnes, le clergé dans sa totalité une trentaine de membres.
La noblesse est réduite à six familles, tandis que la Communauté compte «deux mille âmes tout au plus».
La capitale tricastine vit la période révolutionnaire de façon assez contrastée ; elle est rebaptisée entre 1793 et 1795 du nom de « Paul-Les-Fontaines ». C’est à cette époque que disparaît l’évêché tricastin ; la nationalisation des biens de l’Église, les problèmes religieux en général installent la désunion.
Dès les années 1850, le développement de la cité va de pair avec les fluctuations de l’exploitation industrielle des carrières de pierre du plateau au sud de la ville. L’industrialisation de cette activité est due au baron du Bord, qui la finance à partir de 1845 (chemin de fer, plan incliné…).
La « pierre du Midi » est largement diffusée à Lyon, Grenoble, Marseille, Lausanne, mais son exploitation ne survit que résiduellement à la première guerre mondiale.
La seconde moitié du XXe siècle marque un tournant décisif pour la région : on entreprend la reconstitution du vignoble (gravement touché par le phylloxéra) en A.O.C. Coteaux du Tricastin, et le développement des cultures fruitières et maraîchères.
On assiste à la création de grandes infrastructures, du canal Donzère-Mondragon à la centrale EDF du Tricastin. Les diverses entreprises annexes ont transformé la région en un énorme chantier qui a bouleversé le paysage et la structure foncière.
La construction de nombreux logements et équipement sociaux, culturels, sportifs accompagne les chantiers et permet l’installation durable des personnels des entreprises.
Bien ancrés dans la tradition rurale avec leurs vins, leurs truffes et leurs lavandes, attachés à une riche histoire, ouverts aux technologies les plus audacieuses, les Tricastins anciens et nouveaux conjuguent heureusement passé et futur, en vous proposant un agréable présent.